La gare Montparnasse

Publié le par Lou

    La gare Montparnasse, c'est la gare de l'océan, de la grande côte atlantique. Je m'y suis retrouvée un matin, en transition entre terre et mer. Ayant suffisamment de temps pour y prendre un petit-déjeuner, je me suis assise à une terrasse, en face du tableau d'affichage.
    Me voici dans l'atmosphère très parisienne des cafés. Il n'est pas tout à fait dix heures. Je m'installe dans un décor vivant, dans ce lieu de passage où l'on ressent très bien la fugacité de chaque instant. Je sais pourquoi j'aime tant m'arrêter au café, c'est parce qu'on peut tout y faire : prendre son petit-déjeuner, faire une pause café, boire l'apéritif, déjeuner, emporter un sandwitch, prendre son petit thé de cinq heures, seul ou accompagné, avec un livre, un carnet de notes, son téléphone portable, Gala, Le Monde diplomatique, le guide du Routard de Charentes Maritimes... Et ces objets quotidiens permettent d'imaginer des vies.
    En tant que voyageur, on devient momentanément acteur de ce théâtre des cafés de gare car on prend part quelques instants à l'ambiance, en partageant un peu de commun à l'intérieur de notre vie personnelle. Le bruit des tasses, des soucoupes, de l'eau bouillante, l'odeur des boissons chaudes, le croustillement des croissants, le frottement des petites cuillères, dans toute cette agitation, constituent un cadre de repos et de vie où il est toujours plaisant de passer un moment. C'est l'instant où l'on arrête le cours de son existence parfois chargée, fatigante, stressante pour s'offrir un moment de paix, qui se cristallise dans une tasse de café.
    L'enseigne du café où je suis porte un nom antique. Bizarrement, ça fait moderne. Eh oui, aujourd'hui, c'est branché de causer grec et de revenir aux anciens ! (Bon, vous avez vu ce que cela avait donné pour l'expédition Colmar...)
    Le café est aussi un endroit où l'on observe et où l'on est observé. C'est un lieu de civilisation par excellence. Tout semble possible, des rencontres peuvent survenir. Lorsqu'on entre dans un café, on est dans une certaine disposition d'esprit ; on est ouvert. Cependant, ne sommes-nous pas tous des inconnus les uns pour les autres, dans un univers en commun où tout le monde est un peu identique ?
    Me voici dans le TGV pour La Rochelle. J'adore les atmosphères de départ dans les gares où chacun s'achemine vers son but, vers une idée fixe, vers un désir, vers une destinée proche, à l'échelle d'un mouvement humain !

Publié dans Extraits de journal

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